Feminista! défend le droit à l’avortement

Feminista!, en tant qu’association féministe, condamne fermement l’initiative populaire «Financer l’avortement est une affaire privée», lancée à la fin du mois de janvier par un comité interpartis composé de politicien-ne-s de l’Union démocratique du Centre (UDC), du Parti Evangélique (PEV) et du Parti démocrate-chrétien (PDC). Cette initiative propose de retirer les coûts liés à l’avortement du catalogue de prestations de l’assurance de base.

La mesure proposée est antisociale et discrimine les femmes dans le système de base

L’argumentaire du comité d’initiative affirme que «quiconque envisage la possibilité d’un avortement peut conclure une assurance complémentaire facultative ou payer directement les coûts de l’intervention» (voir leur site). Ainsi, l’interruption volontaire de grossesse (IVG) deviendrait un luxe que pourraient se permettre seulement les riches, notamment les femmes qui peuvent se payer une assurance-complémentaire «spéciale IVG». En sachant qu’élever un enfant coûte cher, et que la précarité touche en Suisse d’abord la catégorie des mères célibataires, alors que la droite exerce une pression constante sur les assurances et les aides sociales, on voit que cette initiative va non seulement à l’encontre des intérêts des femmes, mais particulièrement des femmes en situation économique précaire.

De plus, en proposant que l’IVG soit inscrite dans une assurance complémentaire et non plus dans le catalogue de l’assurance de base, les initiant-e-s veulent pousser une grande partie des femmes à souscrire à une assurance supplémentaire, simplement parce qu’elles sont des femmes avec des pratiques hétérosexuelles. Il s’agit là clairement d’une discrimination entre hommes et femmes, qui viole ainsi la loi fédérale sur l’égalité entre hommes et femmes (LEg). Derrière chaque avortement, il y a un acte sexuel, qui implique au moins deux personnes et il est injuste de faire porter la responsabilité et les coûts uniquement aux femmes.

Il faut également souligner que les coûts de l’IVG ne pèsent que peu sur les coûts de la santé en Suisse. Selon l’Union suisse pour décriminaliser l’avortement (USPDA), le coût total des interruptions volontaires de grossesse représente à peine 0,2% du coût global de la santé en Suisse.

L’avortement n’est pas considéré comme «un moyen de contraception»

Le comité d’initiative affirme qu’ «il n’y aura plus, de la part de l’assurance-maladie, d’incitation financière en faveur des avortements». L’idée derrière cette phrase est que l’IVG relève de la responsabilité individuelle, et qu’ainsi les «irresponsables» qui considèrent l’avortement comme un «moyen de contraception»  doivent assumer leurs «erreurs» en payant leur IVG ou en souscrivant à une assurance complémentaire. Or, on n’avorte ni par plaisir, ni par risque calculé. Il nous semble qu’en restreignant l’accès à l’avortement médicalisé, les initiant-e-s deviennent incitateur-trices et co-responsables d’éventuels avortements clandestins et ainsi co-responsables de grands risques d’infections graves, voire de décès.

Pour rendre le choix véritablement libre, il faut que la société change

Défendre le libre choix n’est pas qu’une question de financement de l’avortement. En ce sens, Féminista! a à coeur de souligner que la société elle-même doit changer pour permettre aux femmes de faire véritablement le choix d’avoir ou non des enfants. En effet, l’organisation actuelle de la société ne favorise pas les femmes qui voudraient avoir des enfants. Les mères sont toujours discriminées dans le monde du travail, notamment à l’embauche, elles n’ont que peu de structures d’accueil de la petite enfance à disposition et ne disposent que d’aides sociales fragiles. Par ailleurs,  les pères qui on pris conscience de leur co-responsabilité dans la parentalité et assument le partage  des tâches ménagères et éducatives au sein du foyer, sont toujours une petite  minorité.

A voir, le court-métrage réalisé par le Collectif L.

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