UN HASHTAG POUR DÉNONCER LES VIOLENCES MASCULINES CONTRE LES FEMMES ?
Suite aux dénonciations faites par les actrices d’Hollywood, nous sommes des milliers de femmes à nous être emparées du hashtag #metoo pour dénoncer l’ampleur des violences machistes qui nous concernent toutes.
Mais au fait qu’est-ce c’est, les violences sexistes ?
Ce sont des violences faites aux femmes parce que nous sommes des femmes. Les féminicides ne représentent que la pointe de l’iceberg. En réalité, il existe de multiples violences masculines qui détruisent notre quotidien : harcèlement sexuel au travail et dans la rue, publicités sexistes, culture du viol, insultes et blagues sexistes, misogynie, agressions physiques, violences conjugales, viols, pornographie mainstream, exploitation sexuelle, traite des femmes, esclavagisme sexuel, maltraitances gynécologiques, violences lesbophobes et transphobes, violences contre les personnes de genre non binaire, mutilations génitales féminines, violences économiques… Il ne s’agit pas de problèmes isolés et indépendants les uns des autres. Les violences sexistes sont structurelles et elles sont la conséquence du système patriarcal dans lequel nous vivons depuis trop longtemps et servent à le maintenir et le perpétuer.
La violence envers les femmes est une grave violation des droits humains : les États, par leur inaction ou par leurs réponses partielles, sont responsables de leur maintien. La responsabilité de mettre fin à ces violences ne doit pas reposer sur la seule victime mais sur toute la société et notamment les pouvoirs publics qui ont l’obligation d’y faire face.
Certes, les lois et les politiques publiques ont évolué. Mais il reste beaucoup à faire. En Suisse, les lois contre les violences sont très récentes et peinent encore à être appliquées. Ce n’est qu’en 1992 que le viol conjugal est reconnu ! Qu’à partir de 1996 que le harcèlement sexuel est interdit ! Encore aujourd’hui le seul viol reconnu est celui par pénétration vaginale. Au-delà de ce retard, la plupart des victimes n’obtiennent ni justice ni réparation.
LES CHIFFRES SUR LA VIOLENCE SONT ACCABLANTS !
En Europe, un tiers des femmes ont été victimes de violences physiques ou sexuelles depuis l’âge de 15 ans ; presque la moitié des femmes subissent des violences psychologiques dans le couple et presque toutes ont déjà vécu du harcèlement sexuel[1].
On en a marre qu’en Suisse :
– Toutes les deux semaines, l’une d’entre nous est assassinée suite à des violences machistes,
– Une femme sur cinq subit des actes de violence physique ou sexuelle de la part de son partenaire au cours de sa vie.
En 2015, 74% des victimes de violences dans le cadre domestique étaient des femmes, alors que 78% des agresseurs étaient des hommes. Au niveau des violences sexuelles : 81% des agresseurs sont des hommes alors que 84% des victimes sont des femmes. Pourtant, on continue de nous présenter les chiffres des violences comme si hommes et femmes étaient victimes et agresseurs au même titre[2]. Cet état de fait s’aggrave lorsque nous nous penchons sur l’application de la loi : une minorité des femmes porte plainte ; seulement un tiers des plaintes aboutissent à une sanction car les peines sont presque toujours vues au rabais. Les sanctions pécuniaires sont fréquentes lors des condamnations pour contraintes sexuelles. La gravité des violences sexuelles ne peut pas être sanctionnée avec une simple amende ! Pourquoi les sanctions sont importantes ? Parce que la culture de l’impunité favorise les agressions et les récidives.
NOS REVENDICATIONS
Parce que les violences machistes nous touchent toutes, ici et ailleurs, nous sommes en lutte car nous revendiquons :
Que les violences machistes soient reconnues comme des violences spécifiques contre les femmes;
- Élargir la définition du viol dans le Code Pénal, et reconnaitre tous les types de viols (buccaux, annaux, avec doigts et objets) et pas seulement la pénétration pénis-vagin ;
- Une nouvelle enquête quantitative sur tous les types de violences envers les femmes en Suisse, avec une perspective de genre (comme l’enquête de Gillioz, De Puy et Ducret, 1997);
- L’inclusion des cours spécifiques sur le sexisme, les discriminations et la prévention des violences dans les écoles, les gymnases et les écoles professionnelles;
- Que les médias cessent le traitement éditorial qui banalise les violences machistes, les traitant comme des ‘drames familiaux’ ou des ‘crimes passionnels’;
- Que les politiques publiques s’engagent à repenser les espaces publiques pour une meilleure sécurité et intégration des femmes (avec plus d’éclairage publique, p.e.);
- Que les violences faites aux femmes deviennent une réelle priorité politique, avec :
◦ L’application de la Convention d’Istanbul, ratifiée par la Suisse en 2017, et notamment son article 59 pour lequel la Suisse a émis des réserves (sur le droit de séjour des victimes sans papiers);
◦ des subventions pérennes aux associations de prise en charge des victimes,
◦ l’obligation de formation à tout le personnel de l’État (personnel soignant, enseignant·e·s, policier·e·s, personnel administratif, juges, etc.) d’être formé·e·s sur la dynamique des violences masculines contre les femmes,
◦ des mesures intégrales de prévention, détection précoce et sensibilisation aux violences contre les femmes,
NOUS EXIGEONS UNE VIE LIBRE POUR LES FEMMES, SANS VIOLENCES SEXISTES !