Franchement M. Burkhalter

Chronique de Stéphanie Apothéloz dans les Quotidiennes
Lien direct vers la pétition adressée à M. Burkhalter

Quelle misère.

Qu’est-ce que l’on peut se sentir impuissante face à toutes ces affreusetés que l’on nous rapporte. C’est encore pire quand la douleur a un nom, un visage. Comme pour vous, il m’est insoutenable de songer au calvaire subi par Jyoti Singh Pandey en Inde (violée et battue à mort), de Souad en Cisjordanie (brûlée vive) ou Tantine (attaques sexuelles) dans la région des Grands Lacs en RDC.

Si nous étions nées là-bas…
Mais quel aurait été notre sort à nous, femmes d’opinion, porteuses quotidiennes de messages, si nous étions nées sous d’autres latitudes? Comment ne pas se sentir solidaire de ces femmes qui n’ont comme seule faute le fait d’être femme?

Heureusement il y a parfois de belles énergies, qui permettent à celles qui en ont le coeur de le faire, de tendre la main, de tranquillement, sans violence, dénoncer, soutenir, accompagner. Coopération et solidarité ne sont pas de vains mots, ce sont les fondements qui permettent de planter les graines d’un monde un peu moins laid.

… nous aurions espéré une main, un message
Depuis 2004, le marrainage des femmes victimes de violence par des femmes parlementaires suisses en est un bel exemple. Mis en place par la conseillère fédérale Calmy-Rey, ce programme, symboliquement fort, permet d’apporter un soutien aux victimes, de médiatiser ces situations et de mobiliser l’opinion publique. C’est une manière pour celles d’ici de dire à celles de là-bas, nous sommes avec vous, on ne les laissera pas vous trucider sans réagir.

Alors franchement, M. le conseiller fédéral Burkhalter
En quoi était-il nécessaire de torpiller ce programme? Vous aviez déjà dénoncé le fait d’imposer la parité lors des concours de diplomatie… Le territoire était marqué, la nouvelle ère commencé.

Medames, Messieurs solidaires, l’occasion vous est donnée d’envoyer un message à M. Burkhalter, le temps que les graines deviennent baobabs, signez et faites signer la pétition en ligne, jusqu’au 7 février !

Parce que le sexisme n’a rien de « normal »
Rendez-vous compte, M. Burkhalter, j’en viens à rejoindre vos collègues de parti, les femmes du PLR. C’est elle qui indique qu’il y a de quoi s’interroger. Parce que l’histoire des concours est pleine d’enseigements. Elle permet de voir ce qu’il se passe quand on laisse faire. Même ici, dans notre doux pays civilisé, épinglé par Amnesty sur la place qu’il accorde aux femmes. On se retrouve avec 3 fois moins de femmes que d’hommes retenus, voilà ce qu’il se passe. Le vice-président PLR Lüscher nous l’explique, c’est que « quand on supprime des quotas artificiels, on revient à la normale ». Excusez-moi de ne pas voir ce qu’il peut y avoir de « normal » là-dedans.

M’enfin, que les recalées se consolent par votre bouche: elles peuvent toujours « partir faire du bénévolat »(sic).

Quelle misère.

Les citations sont tirées de l’article du Matin du 18 janvier 2013

http://www.lematin.ch/suisse/burkhalter-tacle-femmes/story/24067822