Retour sur le 8 mars!

 A l’occasion du 8 mars, le journal *GaucheHebdo a interviewé Feminista!

poing feministe

Le 8 mars « nous ne voulons pas que ce soit une simple journée où la blague est « chérie, aujourd’hui c’est moi qui fais la vaisselle ».

1. Pouvez-vous nous présenter rapidement votre collectif et ses origines?

Feminista a vu le jour le 8 mars 2009 pour créer un espace féministe en regroupant des personnes de diverses organisations, mais aussi pour faire des actions plus décalées en échappant à la lourdeur qu’ont parfois les partis ou syndicats. Le but est de lutter pour les droits des femmes et contre toute forme de discrimination sexiste dans une perspective anticapitaliste et antiraciste. Depuis 2009, Feminista a vu passer dans son bureau plus d’une vingtaine de personnes de tous les âges mais la moyenne est autour des 30 ans ! Nos principales activités tournent autour de l’organisation de conférences, des actions de rues, et l’écriture d’articles sur notre site (feminista.ch). On organise aussi des Feministamm à la Couronne d’or (premier mercredi du mois (1 mois sur 2)) pour refaire le monde sans patriarcat et rencontrer des personnes intéressées par l’association.

2. que représente le 8 mars pour vous?

Pour nous, c’est une journée de lutte pour les femmes du monde entier ! Nous ne voulons pas que ce soit une simple journée où la blague est « chérie, aujourd’hui c’est moi qui fais la vaisselle ». Il reste encore énormément de luttes à mener y compris en Suisse où les inégalités salariales sont à 20% et bougent peu, où les femmes restent essentiellement en charge du travail domestique et éducatif et où les violences envers les femmes (au travail, dans la rue et dans la sphère dite privée) sont loin d’être éliminées. Le 8 mars est un moment propice pour rassembler nos forces et militer. Cette année on le fera à la manifestation nationale du 7 mars à Berne et le 8 mars avec l’événement du Clacs « Clitoris-moi » où plusieurs d’entre nous sont actives !

« Si les stéréotypes sur les féministes sont aussi tenaces c’est qu’ils sont surtout une contre-attaque au fait que nous souhaitons détruire un système de domination ».

3. Aujourd’hui, beaucoup de jeunes dont des jeunes filles rejettent le féminisme, qu’en pensez-vous? Pourquoi le féminisme est-il parfois « mal vu »?

Il en existe effectivement, mais ce ne sont de loin pas que des jeunes. Le féminisme est mal vu parce qu’il est mal connu. A chaque vague féministe il y a eu une vague antiféministe féroce. L’antiféminisme est très prégnant et il associe les féministes au stéréotype d’une femme « hystérique » détestant les hommes. Beaucoup de personnes – les dominants pour le dire vite – ont intérêt à décrédibiliser nos luttes. Si les stéréotypes sur les féministes sont aussi tenaces c’est qu’ils sont surtout une contre-attaque au fait que nous souhaitons détruire un système de domination ! Nous remettons en cause les privilèges des hommes dans notre société et cela dérange.

4. après les grands mouvements des années 70, y a-t-il une « relève »?

Oui il y a de la relève ! Bien sûr certaines périodes sont moins animées, mais au niveau international on voit que les luttes féministes ont toujours continué à exister ! L’année dernière nous avons organisé avec le CLACS – collectif pour la liberté de l’avortement de la contraception et des sexualités (lancé par Feminista) – une manifestation sur le droit à l’avortement avec 2’000 personnes dans les rues ! Il y avait beaucoup de jeunes ce qui démontre qu’il y a des personnes conscientes de l’importance de la défense des droits des femmes. Après, il est vrai qu’au quotidien des forces supplémentaires dans l’association seraient vraiment utiles !

« Nous défendons l’idée de l’autonomie des femmes à la fois par rapport à notre corps mais aussi plus généralement à notre vie ».

5. Quelles sont selon vous les luttes prioritaires pour les féministes actuellement?

Nous mettons au cœur de notre action la défense de l’égalité. Nous défendons l’idée de l’autonomie des femmes à la fois par rapport à notre corps mais aussi plus généralement par rapport à notre vie ! Il est urgent de lutter contre les politiques néo-libérales qui touchent en premier lieu les femmes et les migrant×e×s. Nous voulons une diminution générale du temps de travail plutôt que des temps partiels pris uniquement par les femmes (60% des femmes en Suisse). Nous luttons aussi pour une revalorisation immédiate des salaires féminins et donc pour l’existence d’un salaire minimum. Pas seulement des contrôles, mais des mesures concrètes ! Une autre urgence est la lutte contre les violences masculines contre les femmes. Les violences sexuelles, physiques, psychologiques touchent encore énormément de femmes en Suisse dans tous les milieux. C’est un sujet dur et tabou qu’on a trop laissé de côté. Il touche à la sphère de l’intime et souvent du « privé ». Par exemple les violences sexuelles sont pour la plupart exercées par des hommes dans le cadre familial. Pour finir, les droits et les libertés sexuelles et reproductives nous tiennent particulièrement à cœur. Si le sexe est partout, le plaisir féminin n’a aucune visibilité. Nous voulons réaffirmer le plaisir et la liberté de choisir sa sexualité !

6. Que pensez-vous de la place des thèmes féministes dans les partis de gauche en suisse et ailleurs…? Par exemple, il y a peu de femmes dans syriza et podemos, les partis dont on parle beaucoup maintenant….

C’est une preuve de la nécessité des mouvements féministes dans et en dehors des organisations politiques ! L’engagement politique des femmes touche à des enjeux compliqués. On nous apprend depuis l’enfance à être moins intéressées par la politique ce qui amène à un réel manque de politisation. On se sent moins concernées et à tort moins capables par exemple de se présenter sur des listes ! Après, il y a parfois des résistances pour laisser de la place et surtout du pouvoir aux femmes. Dans les partis politiques ou les syndicats, il y a peu d’initiatives pour aplanir des structures de décision encore très hiérarchiques. Mener une vie politique nécessite des relations de couple ou familiales nous laissant du temps et de l’espace ce qui n’est pas toujours simple à négocier au quotidien. Les organisations doivent aussi s’adapter au fait qu’on ne peut et veut pas toutes être des personnes surengagées dans la politique avec des réunions tous les soirs ! Mais ce qui est sûr c’est que nous sommes convaincues que les luttes anticapitalistes ne peuvent pas être menées sans les femmes !

7. Aimeriez-vous ajouter quelque chose?

Rejoignez-nous ! Ecrivez-nous à contact@feminista.ch

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