Feministamm sur les retraites!

retraitesFeministamm ce mercredi 4 février dès 20h à la Couronne d’or!

Nous vous proposons de discuter à bâtons rompus du « Paquet Berset » qui sous couvert d’égalité, veut monter l’âge de la retraite des femmes à 65 ans.

On profite pour vous annoncer aussi la conférence publique « Quel avenir pour nos retraites » le jeudi 19 février à 20h au Buffet de la gare, salle des vignerons.

Manif’ à Berne le samedi 7 mars 13h30 à la Schützenmatte contre le paquet Berset et pour l’égalité salariale!

 

Pour celles et ceux qui souhaitent se documenter, ci-dessous un article de Marina Gutman (secrétaire syndicale au SSP) publié dans le journal Services publics.

Pourquoi la hausse de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans n’est PAS une mesure égalitaire!

Le projet «Prévoyance 2020» de réforme des retraites prévoit d’élever l’âge de la retraite des femmes à 65 ans. Cette mesure est présentée par certains de ses partisans comme égalitaire. Un argument fallacieux!

La logique d’un marchandage entre égalité salariale et élévation de l’âge de la retraite est biaisée. L’égalité salariale est en effet un dû: la Loi sur l’égalité stipule depuis 1996 que les discriminations salariales sur la base du sexe sont interdites. Il est inacceptable de devoir faire des concessions pour qu’une loi soit appliquée et d’abandonner ainsi des acquis pour obtenir un salaire égal à travail égal. Le combat pour l’égalité salariale est une priorité et nous sommes favorables à des contrôles des salaires. La mobilisation sur cette question ne doit souffrir d’aucune conditionnalité.

Travaillent-elles moins?

Prétendre que l’élévation de l’âge de la retraite est une mesure égalitaire, c’est aussi nier la réalité du partage du travail rémunéré et non rémunéré. On tente de nous faire croire que l’égalité est acquise, ou le sera bientôt grâce au projet de contrôle des salaires (lire ci-contre), et que la fixation d’un même âge de la retraite en serait une suite logique. Il n’en est rien. Les statistiques montrent que, si les femmes sont largement plus nombreuses dans le travail à temps partiel, elles s’occupent également près de deux fois plus que les hommes des tâches éducatives et domestiques: 17,5 heures hebdomadaires pour les hommes contre 29,1 heures pour les femmes, le nombre d’heure augmentant fortement en présence d’enfants. L’étude du Programme national de recherche (PNR 60) sur l’égalité des seniors en emploi[1] démontre que les tâches de soins aux personnes dépendantes ne diminuent pas pour les femmes en deuxième partie de carrière. Cette répartition inégale perturbe les carrières des femmes, beaucoup moins ascendantes que celles des hommes.

Un paquet contre les femmes

Si, en cumulant travail rémunéré et non rémunéré, il apparaît que les femmes travaillent autant voire davantage que les hommes, ces dernières sont parallèlement largement perdantes dans le système de retraites. Grâce au splitting et  au bonus éducatif, le montant des rentes  AVS est égalitairement réparti. Cela se complique avec les 2e et 3e piliers. La prévoyance professionnelle et la prévoyance privée demeurent largement masculines: seulement 57% des femmes reçoivent une rente du 2e pilier, contre 82 % d’hommes. Pour le 3e pilier, ce chiffre tombe à 25% pour les femmes, contre 42% pour les hommes. Ces inégalités sont le résultat des inégalités cumulées durant la vie active: des salaires plus bas, des temps partiels et des possibilités de progression de carrière restreintes; les femmes cotisent moins et touchent des rentes du 2e pilier de moitié inférieures à celles des hommes! Si le paquet Berset est accepté, le fossé se creusera encore plus et les femmes qui s’arrêteront tout de même à 64 ans seront d’autant plus précarisées.

Et les hommes?

Les partis bourgeois ont été clairs. Le passage de la retraite des femmes à 65 ans, c’est le verrou qui saute pour le passage de tout le monde à 67 ans. On sait pourtant la difficulté de continuer à travailler après 60 ans. Un tiers des 55-64 ans ne font déjà plus partie de la population active, beaucoup souhaitent arrêter ou diminuer leur taux d’activité. Malheureusement, la pénibilité du travail et l’état de la santé ne déterminent pas l’âge du départ à la retraite. Au contraire, les contraintes économiques qui pèsent sur les bas salaires et sur les carrières interrompues ne permettent souvent pas à celles et ceux qui n’en peuvent plus de partir avant l’âge légal. L’étude PNR 60 met en lumière que les personnes qui profitent de plans de pré-retraite sont majoritairement des cadres qualifiés, masculins, à haut revenu.

Egalité dans le progrès

Une politique égalitaire devrait donc aligner l’âge de la retraite des hommes sur celui des femmes. En effet, quand il est question d’égalité salariale, on ne propose pas de baisser de 20% les salaires des hommes! Il faut aussi rappeler que les finances de l’AVS sont saines: si la population vieillit, la productivité, elle, augmente!

L’égalité doit se faire dans le progrès social et non le démantèlement des droits acquis. Un premier pas dans le bon sens serait de relever le niveau des rentes pour toutes et tous comme le propose l’initiative AVS-Plus, que le Conseil fédéral rejette. Dans l’immédiat, mobilisons-nous pour l’égalité salariale et contre l’élévation de l’âge de la retraite en participant à la manifestation nationale du 7 mars prochain!

Marina Gutmann

Secrétaire ssp – région Valais



[1] LeFeuvre, Rosende, Schoeni et Kuehni, 2014